San Ignacio
Nous vous annonçons fièrement que : CA Y EST, nous avons reçu le titre définitif !!! Cela ne fut pas sans peine... Alors que nous nous étions renseignés afin de recevoir le courrier à la poste de Puerto Iguazu, nous avons dû nous précipiter à Posadas, une ville située à quelques 300 kms d’Iguazu car la poste avait finalement refusé de réceptionner notre courrier pour une raison qui nous semble encore mystérieuse. Après pas mal de coups de fil, nous avons appris que le courrier était en transit à Posadas jusqu’au lendemain midi. Après cela, il serait réexpédié vers la Floride ! Cela aurait été un terrible coup dur… Heureusement, nous avons pu prendre un bus de nuit et réceptionner le courrier à temps. Ouf !!!
Nous sommes finalement entrés en Argentine avec Emile il y a quelques jours. Un moment stressant plutôt désagréable. Contrôle des papiers, fouille du van, interrogatoire. Mais le résultat fut concluant ! Après être passés au Garden Stone pour récupérer nos affaires et faire nos adieux avec un léger pincement au cœur, nous voilà donc : « On the road again », plus en forme que jamais !
C’est sur la superbe voix de Brel que nous sommes arrivés quelques 250 km plus loin à San Ignacio. Ce village est connu des touristes pour les ruines de ses missions jésuites. En effet, il y a presque 5 siècles, les jésuites venus christianiser les peuples Guaranis de la région, ont construit ce que l’on appelle des « réductions », sorte de communautés destinées à « civiliser » les indiens guaranis. L’histoire de la rencontre de ces deux peuples est assez poétique. Il semblerait que le premier contact entre les jésuites et les Guaranis ait été établi grâce à la musique. Ce ne fut pas une conquête brutale et sanglante. Bien au contraire, les Guaranis et les jésuites ont travaillé ensemble pendant de longues années. Ils ont construit de superbes monuments qui font que ces missions jésuites restent un exemple d’expérience civilisatrice inédite.
La suite de l’histoire est moins drôle. L’Espagne et le Portugal ont signé un traité divisant les terres leur appartenant mutuellement. Les territoires occupés par les missions jésuites sont alors passées de la couronne d’Espagne, qui leur assurait de sa protection, à celle du Portugal, qui n’hésitait pas à exploiter les guaranis. Etant donné que les jésuites s’opposaient à l’esclavagisme des indiens, les missions ont été détruites par les Portugais. Les Guaranis, après avoir tenté de se rebeller, furent massacrés et obligés de retourner dans la forêt afin d’y trouver refuge. Tout ceci est superbement illustré dans le film de Roland Joffé intitulé tout simplement « Mission », avec Robert De Niro et Jeremy Irons. Pour info, ce film a reçu la Palme d’Or au festival de Cannes en 1986.
Il reste des ruines de ces missions jésuites un peu partout dans la région, au croisement de l’Argentine, du Brésil et du Paraguay. San Ignacio compte parmi les mieux conservées.
Il reste peu d’indiens Guaranis dans la région mais leur langue est encore largement parlée (surtout au Paraguay). Cependant, la problématique des indigènes, de leurs droits, de leur territoire et de leur place dans la société actuelle, parait délicate. Il semblerait que l’Etat leur verse une sorte de « rente » pour l’occupation de leurs terres. Une bonne façon de les garder sous contrôle et d’éviter tout débordement, tout en mettant de côté les réelles préoccupations de ce peuple…
Nous avons passé la nuit dans un camping de dingue avec piscine et plage donnant sur le somptueux fleuve Paraná. Nous sommes arrivés juste à temps pour faire un plongeon dans la piscine au milieu de la foule d’Argentins venus y passer leur dimanche. Par contre, nous étions les seuls à rester dormir là. C’était super !
Le lendemain, nous nous rendions à Posadas (que nous connaissons déjà un peu puisque c’est ici que nous sommes venus récupérer le titre de propriété d’Emile). Petit fait marquant : nous y avons vécu notre première expérience de tentative de corruption par la police. Mais on ne s’est pas laissé faire ! Après nous avoir gentiment demandé tous nos papiers (et quand je dis tous, c’est tous !), on nous invite dans le bureau de l’officier supérieur. Bizarre… Là, on nous annonce que nous risquons de voir notre véhicule saisit car il ne possède pas de plaque d’immatriculation à l’avant. Le problème, c’est que le van est immatriculé aux Etats-Unis et que là-bas, on ne met pas de plaque à l’avant ! Donc, comment faire pour se procurer une plaque qui n’existe pas ? Le policier, toujours sur un ton tout à fait cordial, nous explique que, comme nous sommes touristes de passage, il y a moyen d’éviter que le véhicule soit saisi en attendant que la Justice fasse son boulot. Il suffit de leur payer directement l’amende… La bonne blague ! Sur ce, le ton de Seb change, son « espalien » devient fluide et le flic finit par comprendre que ce n’est pas ce soir qu’il invitera sa femme pour un bon petit resto… Il nous rend donc nos papiers en nous souhaitant un excellent voyage ! Et tout ça, avec le sourire, s’il vous plait !
A Posadas, nous avons également logé dans un complexe touristique. La vue sur le fleuve était superbe. Sur l’autre rive, on pouvait apercevoir le Paraguay. Le logement ne nous a pas couté grand-chose grâce à Emile et nous avons pu profiter de toutes les infrastructures (piscine, sauna, fitness, terrains de sport). Et oui, même si le jogging matinal a fini par disparaitre, nous continuons à prendre soin de nous et nous sommes en bonne voie car nous avons tous les deux perdus du poids ! Seb espère que les Fossis vont continuer sur leur lancée car, à son retour, il sera dans la forme de sa vie, fin prêt pour rejouer en 3e ABSSA !
Prochaine étape : Salta, au Nord-Ouest de l’Argentine, qui nous a été chaudement recommandé !